Etude sur les actions en faveur de l’environnement dans les Maisons d’accueil spécialisées et les Etablissements d’accueil médicalisé du Nord et du Pas-de-Calais
Consommateurs de ressources et émetteurs de gaz à effet de serre, les établissements médico-sociaux ont leur rôle à jouer dans la protection de l’environnement. D’après l’ADEME, le secteur de la santé, qui regroupe les établissements sanitaires et médicosociaux, représente 2% de la consommation énergétique nationale et produit 800 000 tonnes de déchets par an. De plus, l’implication des personnes en situation de handicap dans la lutte contre le changement climatique est essentielle afin de ne pas faire obstacle à leur participation à ce défi citoyen et d’élaborer des actions qui n’aillent pas à l’encontre de leurs éventuels besoins et attentes spécifiques.
Le groupement des MAS et EAM animé par le CREAI a souhaité mener une étude qualitative sur les pratiques en faveur de la protection de l’environnement mises en œuvre dans ses établissements. L’objectif était de valoriser ces pratiques, de favoriser le partage d’expériences inspirantes et de dégager de nouvelles pistes d’action. Treize établissements (5 MAS et 8 EAM) ont participé à cette étude. L’analyse a porté sur neuf thèmes : la gestion des déchets, la restauration collective et la réduction du gaspillage alimentaire, la gestion de l’eau, de l’énergie, l’hygiène et le nettoyage, les achats, les transports, la participation des professionnel.le.s et des personnes accueillies et la communication sur la préservation de l’environnement, les espaces verts et la biodiversité.
Cette étude donne à voir, outre une réelle implication pour la cause environnementale, une forte diversité et une grande inventivité dans les projets portés par les établissements. Le secteur médicosocial nous démontre, une fois encore, qu’il sait, malgré un contexte particulièrement difficile et contraignant, faire preuve de créativité. Les actions concernent le fonctionnement interne des établissements (gestion de l’eau, des déchets, de l’énergie, politiques d’achats, réduction du gaspillage alimentaire), la valorisation des espaces extérieurs envisagés comme de véritables réservoirs de biodiversité, l’implication des professionnels comme des résidents, mais aussi l’ouverture sur l’environnement social large par le développement de projets avec les communes, les habitants du quartier, le tissu associatif local.
A l’issue de cette étude, plusieurs pistes d’action peuvent être envisagées. Tout d’abord, la formation et la sensibilisation des professionnels et des personnes en situation de handicap. Une action ne peut être pérenne que si elle a un sens pour celles et ceux qui la pratiquent et s’investir pour la cause environnementale nécessite de comprendre les enjeux climatiques, qui peuvent être complexes. Pour favoriser cette sensibilisation et ainsi accroitre la participation à des actions, il est nécessaire de construire des outils d’information adaptés et d’adapter les supports d’information existants. Ensuite, le repérage et la mise en synergie des compétences et des aspirations : les projets portés par les établissements se sont appuyés sur la mobilisation des équipes et des résidents, qui peuvent disposer de talents spécifiques mais aussi aspirer à s’investir davantage pour la cause environnementale. Fédérer, dans le cadre d’une dynamique inter établissements, un réseau d’« ambassadeurs du climat » permettrait de mutualiser les compétences, d’enrichir les expériences et de sensibiliser davantage de personnes et de structures. Enfin, le développement des partenariats avec les acteurs du développement durable, qu’il convient de sensibiliser davantage à la prise en compte du handicap.
Ces différents défis sont ambitieux mais passionnants et riches de sens. Le CREAI a d’ores et déjà entrepris des démarches pour leur concrétisation. Cette étude constitue ainsi non pas une finalité mais une première étape et la marque de notre engagement pour la cause environnementale.
Muriel DELPORTE
Conseillère technique