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Résumé des interventions du colloque du 7 Novembre 2019 "Communication alternative améliorée, une approche multimodale"

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Marielle LACHENAL

Allocution d’ouverture

On croit parfois que la CAA c’est trouver LE bon programme, LA bonne application, qui permettra à l’enfant de dire ce qu’il veut ! Non, pour nous la CAA, ça a été la rencontre de deux acharnements : l’acharnement de ma fille à vouloir communiquer, mais pas seulement, son acharnement à vouloir dire, à vouloir comprendre, à vouloir prendre sa place dans le monde. Et mon acharnement à lui donner des mots, des mots pour penser, des mots pour parler, des mots pour vivre avec les autres. Il n’y a jamais eu LE déclic, il y a eu de tout petits pas, de très grands pas, des avancées, des reculs, des rires et des découragements. Il y a eu le désir pour nous deux de « gratter la lumière, avec les ongles s’il le faut » pour ouvrir le chemin du langage ; on a cheminé ensemble, elle et moi, elle et notre famille, elle et ses amis, pour tricoter sa vie avec nous.

 

Sandrine EIFERMANN SOUTARSON

Démarrer la CAA quand on est parent.

Je suis mère de trois enfants dont Leina, âgée de 6 ans.  Leina, porteuse du syndrome de Rett, ne parle pas mais son regard dit pourtant bien des choses.

Je vous propose de découvrir la place de la CAA dans le quotidien de ma fille et dans notre famille. Entre signes, gestes, postures, pictogrammes et outils numériques, nous, ses parents et ses frères modélisons, imitons, communiquons autrement pour réduire le fossé créé par le handicap de Leina.

Leina a des capacités d’interaction qui sont renforcées et stimulées, si l’interlocuteur cherche à l’imiter, notamment en répétant ses vocalisations, si l’environnement est calme et sécurisant, si on prend en compte sa fatigabilité …De multiples attentions dont il nous faut nous imprégner pour reconnaître Leina dans ses démarches de communication.

 

Elisabeth CATAIX NEGRE

Progression du cahier de vie vers un classeur de communication personnel.

Un cahier de vie est avant tout autobiographique. Il raconte à chaque page un épisode de la vie, d’une activité, d’une rencontre. Le récit est soutenu par de l’écrit, certes, mais surtout dans le cas qui nous préoccupe, par des dessins, des papiers ou petits objets ramassés au cours de l’évènement relaté, des traces tangibles de ce temps. Toutes les pages racontent quelque chose. Un partenaire bienveillant y trouve des sujets de conversation, même si le propriétaire n’a montré aucune initiative dans cet échange. Il y reçoit de l’information le concernant, supportée par des moyens plus compréhensibles que l’écrit, c’est de l’information reçue.

Un classeur de communication ne raconte rien. C’est une liste de mots représentés ici par des images pictogrammes, symboles, etc. Pour raconter quelque chose, l’utilisateur doit les désigner, peu importe comment, en faire une séquence qui donnera du sens à cet instant d’échange avec un partenaire. L’utilisateur a une idée à transmettre, il a l’initiative, il trouve dans son classeur des éléments plus ou moins proches de ce qu’il a dans la tête, pour la transmettre. C’est de l’information exprimée.

Entre les deux, il y a passage de la compréhension du langage à l’expression intentionnelle.

L’exposé ouvrira la réflexion sur l’usage d’un cahier de communication sur le versant réceptif du langage et de la communication, tout en proposant une progression depuis l’autobiographie vers une construction contextuelle d’un classeur personnel.

 

Thierry DANIGO

Apprendre à jouer avec des images, sons et vidéo.

Et si l’on adaptait nos traditionnels cahiers de vie pour les rendre accessibles sur une tablette ou à l’écran d’un ordinateur avec en bonus du texte qui parle, des images qui s’animent et tout un panel d’outils d’accessibilité pour compenser les difficultés de manipulation.
Suite à une observation faite sur le terrain, complétée par un mémoire d’orthophonie, APF Lab – Le Hub présente une compilation de solutions simples, peu ou pas onéreuses, facilement transférables aux familles pour que leur enfant puisse, le plus tôt possible, poursuivre l’apprentissage de la relation cause à effet au sein de situation ludiques, les préparant à naviguer dans des menus et une arborescence utilisée dans la plupart des codes et outils de communication.
Une expérience nous ayant amené à co-développer avec l’Association Idée, Picolo, un logiciel aujourd'hui gratuitement téléchargeable pour jouer avec des images, sons et vidéos.

 

Joël PANSARD

High tech ? Même pas peur ! Comment le choix d’un logiciel et de son support simplifie et amplifie l’usage de la CAA ?

On a souvent tendance à opposer outils de communication lowtech (papier, tableau sur support plastifié, outils de base, …) et hightech (logiciels, tablettes, applications, accès au regard…).

Comme le montre le thème de cette journée la communication est multimodale et nous avons besoin de connaitre les outils à notre disposition.

Les équipements technologiques, leur utilisation, la jungle des applications peuvent rebuter voire effrayer un peu le néophyte.

L’intervention consistera à rappeler les points essentiels pour s’y retrouver, éviter les écueils et mettre tous les atouts de son côté.

Dans notre domaine la technologie peut montrer le bon côté de la médaille et donner aux utilisateurs les moyens de communiquer de manière autonome et adaptée.

 

Judith LABOUVERIE

Démarrer la CAA avec de jeunes enfants en cabinet libéral et en structure petite enfance.

Comment débuter la Communication Alternative et Améliorée auprès de jeunes enfants et de leurs familles ? Par quoi commencer et sous quelles formes ? Comment, dans le même temps, accompagner les professionnels de la petite enfance qui accueillent ces enfants, afin que cette Communication Alternative et Améliorée-initiée en séance d’orthophonie- traverse les murs et que les enfants bénéficient d’un réel « bain de langage CAA » ? 

Orthophoniste exerçant en cabinet libéral spécialisé en prise en charge précoce ainsi qu’au sein d’établissements d’accueil du jeune enfant, Judith Labouverie nous présentera sa pratique ainsi que les différents outils d’analyse, de suivi et d’accompagnement qu’elle utilise afin de co-construire une progression adaptée à chacun.

 

Nathalie KLEIN – Claude DOOZE

Et avec les adultes ? On apprend à tout âge

Présentation de la mise en place d’un outil de communication alternative et augmentative auprès d’une résidente âgée de 62 ans à la MAS du Nouveau Monde (La Chapelle d’Armentières).

Les essais, les échecs et les réussites

Les émotions associées

Les perspectives à venir

 

Philippe AUBERT

Rage de communiquer : comm’unique

La communication, c'est un échange avec une autre personne ou avec d'autres personnes. Mais, dans certains cas, cela peut être aussi avec un animal ou un arbre, un autre vivant.

Cela suppose donc une attention, voire une intention partagée.

Cela implique aussi un "langage" commun, connu de tous les "interlocuteurs". Ce langage n'est pas seulement une langue, cela peut être un code, des signes, des attitudes, des comportements...

La communication d'une personne est aussi son "expression", c'est-à-dire la sortie hors de soi d'une envie, d'un besoin, d'une volonté... ; c'est une personnalité singulière, unique qui "comm'unique".

Je vais décrire mon apprentissage des modes et des moyens de communication au cours de ma vie ; de l'épellation de l'alphabet à mon ordinateur à commande oculaire, sans oublier bien d'autres modes de communication.

Mon hypothèse qui va sous-tendre tout mon exposé, c'est que la communication ne se réduit pas à l'usage de moyens techniques aussi sophistiqués soient-ils, mais suppose la construction d'un "moi" et d'une relation aux autres.

J'ai personnellement eu la chance de bénéficier d'apports de professionnels qui ont su "composer" avec mes attentes et mes rythmes personnels. Je souhaite que mon propos témoigne des multiples dimensions humaines de la communication.

 

Agnès LESAINT

La CAA proposée dans un IME

Lors de cette intervention, nous évoquerons les différents supports de communication alternative améliorée utilisées à l’IME du Beau Marais. Puis, nous aborderons plus précisément la méthode Makaton qui se développe au sein de l’équipe depuis bientôt 2 ans, les différents moyens mis en œuvre et l’impact de ce travail pluridisciplinaire sur les enfants et leurs familles.

Enfin, nous fixerons les limites et obstacles rencontrés dans la mise en place de tous ces moyens de communication, quelles sont les ressources lorsque ces outils ne peuvent être mis en place, et qu’à tout âge, nous pouvons observer des évolutions et proposer de nouveaux outils.

 

Dr Dorothée MONTAGUTELLI

Communication multimodale pour un adulte porteur du syndrome d’Angelman : son usage à la maison et les défis à relever pour son usage en établissement.

Rémi âgé de 22 ans, est porteur d’un syndrome d’Angelman dont le diagnostic a été posé à l’âge de 11 mois.

Il présente un trouble complexe du développement, associant, pour la communication, une envie forte de communiquer, une bonne discrimination visuelle, des troubles moteurs et praxiques affectant l’ensemble de ses possibilités motrices y compris orales, phonatoires, et faciales), des troubles d’intégration sensorielle (notamment sur le plan tactile), une grande labilité attentionnelle, des capacités bien supérieures en compréhension qu’en expression, le tout dans un contexte de déficience intellectuelle sévère avec un intelligence émotionnelle fine et réactive.

La mise en place d’une communication multimodale à la maison s’est faite petit à petit, elle associe actuellement gestes simples, mimiques, pointage, et cahier de communication, en plus du langage oral de l’entourage. Elle ne s’est pas faite facilement, nous avons tenté, tâtonné, abandonné, repris…

Elle n’est pas figée, elle accompagne Rémi dans son évolution, et contribue à l’aider à structurer sa pensée et développer ses capacités d’adaptation.

En établissement, IME ou FAM pour Rémi, le défi quotidien est de pouvoir continuer à utiliser (encadrants compris) ce mode de communication, non pas comme un « dictionnaire Rémi-français /fançais-Rémi), mais comme un élément essentiel de son bien-être et de son évolution. Pour que Rémi ne retrouve pas dans une Tour de Babel, faut-il simplifier cette communication multimodale, au risque de le priver en partie d’une autonomie chèrement conquise ?...

Retrouvez plus de détails sur la journée : programme, bulletin d'inscription....